Coeur Bleu, 6 juin 2025
EXCLUSIF – L’Ordre des Psychologues du Québec (OPQ) peaufine un cadre inédit pour encadrer l’évaluation et la prise en charge des familles touchées par l’Aliénation Parentale (AP). Après des années de débats, le chantier entre dans sa phase décisive. Voici, en six minutes de lecture, ce qu’il faut retenir – visuels à l’appui.
Une impulsion tardive… mais massive
Mars 2024. Sous la houlette de la psychologue et ex‑ministre Hélène David, l’OPQ met sur pied le Groupe de travail “Familles hautement conflictuelles”. Objectif : combler le trou béant laissé par des lignes directrices qui n’avaient pas bougé depuis… 2006. Depuis, la commission a fonctionné tambour battant :
- Octobre 2024 : publication d’un article de méthode qui liste 13 critères cliniques pour éviter les diagnostics bâclés.
- Décembre 2024 : dossier spécial dans Psychologie Québec, première prise de position officielle : « Dissiper la confusion entre conjugal et parental est une urgence éthique. »
- Mars 2025 : remise d’une Version 0 interne : grille de 20 facteurs de risque, canevas d’entrevue semi‑structurée.
- Mai 2025 : rapport conjoint OPQ‑Barreau sur la coordination parentale (45 h de formation, dont 10 h dédiées à l’AP).
La suite ? Consultation publique à la rentrée et adoption formelle visée en décembre 2025. Début 2026, un module obligatoire de 14 h devrait intégrer l’aliénation parentale au programme de formation continue des psychologues.

Trois virages qui vont changer la donne
- Fini le “syndrome”. L’OPQ parlera de comportements aliénants – nuance sémantique cruciale pour éviter la médicalisation à outrance.
- Évaluation différentielle systématique. Avant de conclure à l’AP, les experts devront dépister d’éventuelles violences conjugales ou coercitives. « On ne traite pas une rupture de lien comme un simple caprice relationnel », martèle la présidente du groupe de travail.
- Intervention graduelle. Quatre phases – psychoéducation, guidance co‑parentale, plan de réunification, suivi – avec indicateurs clairs de sortie. Une première au Canada francophone.
Ce que ça change pour les familles… et les tribunaux
« Un cadre clair, c’est moins de subjectivité au tribunal et, surtout, un filet de sécurité pour l’enfant », résume Me Sophie Labelle, avocate en droit de la famille.
- Parents ciblés : un protocole reconnu pourra être exigé, rendant moins arbitraires les décisions de garde.
- Professionnels : plus question de s’improviser expert ; la nouvelle grille devra figurer dans chaque rapport déposé au juge.
- Juges : un référentiel identique à travers la province pour apprécier les preuves et ordonner, si nécessaire, une coordination parentale.
Les prochaines étapes clés
- Sept.–Nov. 2025 : consultation publique. L’OPQ espère 2 500 contributions (psychologues, juristes, associations, parents).
- Décembre 2025 : adoption de la Version 1 si le CA entérine le texte.
- Janvier 2026 : mise en ligne de la trousse d’outils (grilles, fiches, modèles de rapport) et début de la formation obligatoire.

Pourquoi suivra-t-on ça de près chez Cœur Bleu
Parce que le Québec joue souvent le rôle de laboratoire pour l’espace francophone. Si le cadre OPQ prouve son efficacité, il pourrait inspirer la Belgique ou la France, où la reconnaissance de l’AP reste morcelée. Nous surveillerons particulièrement :
- Le taux de participation à la consultation (signe de la crédibilité du projet).
- Le financement accordé par le ministère de la Justice pour la mise en œuvre.
- La réception des tribunaux : adopter, c’est bien ; appliquer, c’est mieux.
Sources principales : Ordre des psychologues du Québec (chroniques déontologiques, rapports 2024‑2025), Barreau du Québec, OTSTCFQ.
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